Compte-rendu de course
C'est mon premier marathon, au sens où le terme est utilisé dans le nom de la course. Jamais je n'ai couru la distance (moins oui, plus oui, mais pile non) et le Mont-Blanc devrait me faire marathonien. Enfin presque. C'est surtout l'occasion de me préparer à un peu de dénivelé et de repérer le terrain que j'emprunterai fin août pendant la CCC. Vallorcine, le col des Montets, la Flégère sont quelques noms bien connus.
📷 Marathon du Mont-Blanc 2014 | Compte-rendu de course
Pendant les 3 jours précédant la course, chacun allait de ses prédictions mais la tendance était au moins beau. Alors que je faisais quelques photos des leaders du 80km un peu au dessus du col des Montets, je croise Kilian et nous discutons de la pluie et du beau temps.
T'as vu la météo pour dimanche?
Oui, normalement il pleut.
Il fallait donc s'y préparer.
Kilian cherche ses copains de chez Salomon dans la montagne...
Voir les photos des 80kms du Mont-Blanc.
Conférence de presse - Directeur de course
En fin de journée du samedi, une conférence de presse de dernière minute est organisée. On sait que c'est sans doute en rapport avec la météo plus que moyenne prévue le lendemain. Je m'y rends avec quelques journalistes.
Sans tourner autour du pot, le Directeur de Course nous annonce :
- Etant donné les conditions météo prévues cette nuit et demain matin pour le départ de la course, on a préféré court-circuiter le passage sur l'aiguillette des Posettes. Le col des Posettes est maintenu mais on redescendra par la piste de 4x4 vers Le Tour.
-Pour éviter le risque d'une arrivée à Planpraz et de se retrouver avec 2200 coureurs bloqués par le télécabine (qui ne pourrait pas fonctionner s'il y a l'orage), il est décidé d'une arrivée à Chamonix. La Flégère sera donc le dernier point haut avant de redescendre directement par la piste de ski, le sentier et la piste forestière jusqu'à Chamonix.
Le nouveau profil
Voilà donc plus de descente, pour une distance similaire. Ca m'arrange, plan de course : terminer à bloc entre La Flégère et Cham...
Départ
Levé très tôt depuis quelques jours, je n'ai aucun problème pour me réveiller à 5h. Le départ est à 7h, ça me laissera donc un peu de temps pour digérer quelque chose. Je suis logé tout près du départ, et vers 6h40 je quitte l'hôtel direction la place de l'église.
Il pleut , on a tous nos goretex . Le Directeur de course nous rappelle le changement de programme avec le shunt de l'aiguillette des posette et la re-descente depuis La Flégère. On a tous envie de partir, c'est bon...
Je suis assez vite dans l'allure et je me sens bien tout se suite. J'ai souvent besoin de 8-10 km pour être bien, mais là ça va. Je ne regarde pas mon gps, une ou deux fois pour avoir une idée de la distance mais c'est tout. De toute manière la montre est cachée sous une manche longue et la goretex. Je cours avec la capuche sur la tête mais j'ai très vite chaud, je l'enlève au bout de 5km.
L'ambiance est tout de suite super sympa, à quasi tous les carrefours des gens nous encouragent, parfois même quelques orchestres. Je passe au "bois" sans m'en rendre compte, alors que j'y suis resté une bonne heure le vendredi pour voir passer les leaders du 80km. Je me demande d'ailleurs si on prend le même chemin, j'ai pas l'impression.
Arrivée au Lavanchet après une petite descente sur le goudron (enfin je crois ou peut-être à Argentière, ou avant Tré le Champ). Je n'ai plus en tête le profil à cet endroit, la carte indique qu'on est en balcon dans la forêt, mais je ne fais pas gaffe, j'avance bien.
Arrivée à Argentière dans une super ambiance, et pour l'instant tout va bien...
A gauche, Quelques photos prises par Maindru bien sur, mais en petit. Franchement, 45€ le pack photo c'est trop cher. Pour la CCC je ne dis pas, et à conditions d'avoir beaucoup de photos, mais là bon...
Argentière
J'ai prévu de ne pas m'arrêter, mais je prends quand même un verre à la volée. J'en bois 2 gorgées et je m'étouffe avec juste parce que je ne veux pas m'arrêter. Génial comme sur un vrai marathon !
En sortant d'Argentière, on prend la première vraie petite cote (~100m mais on doit marcher), et du même coup le premier petit bouchon lorsqu'on passe sous un mini tunnel. Ca permet de basculer sur le Planet puis Tré le Champ qu'on croisera une seconde fois au retour vers le 30ème km. Je prends mon premier gel vers le 11ème km.
A cet endroit, je vois Yves-Marie Quemeneur, le photographe de VO2 et Endurance Trail. C'est lui qui me voit d'ailleurs "Aller Vincent". Petit coup de boost sur le moment, super sympa, mais il ne pense pas à me prendre en photo. Tu parles d'un photographe .
On continue ensuite sur la montée vers le Col des Montets qui doit aussi faire une centaine de mètres, mais moins raide que celle du Planet. Au col je reconnais bien l'endroit, j'y étais aussi passé vendredi pour aller voir les leader du 80km.
Alors sinon, quand il pleut et que la machine à laver ne fait pas son boulot jusqu'au bout en rinçant correctement les vêtements, il se passe un truc amusant : ça mousse. L'eau, le frottement du tissu, et pim de la mousse sur les jambes, sur les genoux, et même sur la compression. C'est pas vraiment classe, on se demande même si j'ai pas une maladie.
On redescend ensuite vers Vallorcine le long de la route puis dans un champ où on envoie un peu les jambes. C'est super agréable et je suis en forme ainsi jusqu'au village et le premier vrai ravito.
Vallorcine
Sur le papier, on est au 17ème kilomètre. Sur un trail différent, j'aurais pris le temps de m'arrêter, manger et boire. Mais ici, pris par l'ambiance et la distance relativement courte je décide de ne pas trainer. La pluie aidant je n'ai pas soif et j'ai de la marge en gel et pâte de fruit. Je bois un verre de coca et c'est tout, je reprends la course.
Juste après la sortie, on prend à droite pour attaquer le gros morceau de la journée, la montée au col des posettes. Tout de suite, le train se forme et la vitesse me convient. Pendant toute la montée dans les bois et jusqu'à l'arrivée sur les pistes de ski, je marche dans les pas du gars qui me précèdent. On double à peine, on se fait à peine doubler.
J'ai bien le temps de regarder mon short, et la mousse qui continue à sortir. Ca m'occupe c'est sympa, #kasdédi Eric .
Arrivé sur le faux plat qui précède le col, le vent nous cueille gentilment et je ne suis pas mécontent d'avoir mis tshirt long + tshirt court sous ma veste imper.
A ce moment je suis bien et comme les autres, je relance jusqu'au ravito du col.
Le Col des posettes
Je n'ai pas prévu de m'y arrêter. Et surtout avec le vent et le froid, je file tout droit et j'attaque la descente. C'est une large piste . Je suis en forme, et je me dis que c'est l'occasion de me tester. Encore plus, je ne ressens aucune douleur de celles qui me taquinaient depuis 2 mois à la suite de ma périostite. Et puis, il ne reste que 21km, on est à la moitié de la course. Je décide donc d'y aller franco, d'attaquer #genre j'envoie. Les Hoka Stinson que j'utilise depuis plusieurs sorties font un super boulot ici.
J'ai sans doute jamais descendu un col comme ça, l'arrivée se jugerait en bas que ça serait pareil, et même s'il reste 20 km c'est pas grave. Je m'éclate et je double un paquet de coureurs. Il pleut toujours, et du coup la mousse redouble de volume et glisse jusqu'aux mollets. C'est quand même assez dingue toute cette mousse, va falloir que je réduise les doses de produit à lessive.
Le Tour
On arrive dans le village, je prends une barre de céréale que j'avale en marchant. On continue en direction de Tré le champ en reprennant une partie du parcours du matin. Les photographes sont partis car à l'heure qu'il est Dieu est entrain d'arriver à Cham. 3h20 de course et 30km, je suis allé "assez plutôt vite" et je commence à le sentir alors qu'on passe la passerelle qui enjambe la route et qu'on inaugure cette année. Parait-il que cela rajoute une centaine de mètres de dénivelé, le détour.
Tré le champ
On attaque la dernière partie en direction de La Flégère. On monte directement et je sens tout de suite que je ne suis plus dans le rythme. Voilà c'est là le coup de barre que pressentais depuis 1 ou 2 km. J'ai un mal fou à suivre le mec qui me précède, je bloque les mecs derrière moi qui finissent par doubler, au moins une vingtaine de gus alors. J'avale un gel, comme à chaque fois dans ces situations en pensant que ça va réparer la machine mais il faudra attendre au moins 1/4 d'heure pour supposer qu'il y ait un effet. Effectivement, je me sens mieux dans la petite descente qui suit et j'arrive à reprendre le contact.
Le terrain est hyper gras par endroit et les Hoka Stinson montrent clairement leurs limites sur ce terrain. Par endroit je suis littéralement en aquaboueplaning et je dois ralentir pour ne pas perdre le contrôle.
On attaque enfin la montée finale sur La Flégère. Même si le gars qui me suit annonce un "encore 800m de montée", je le prends tranquillement. Le plus dur est fait et je suis déjà content de la course. Je me cale derrière un petit train, l'allure me convient. J'arrive à relancer sur chaque petite portion plate, et je reprends du plaisir. Le coup de barre du 30ème kilomètre est passé et le sommet de La Flégère arrive même plus tôt que je le pensais.
Je vois un gars qui s'arrête prendre une photo de la vallée, les nuages semblent se lever et on distingue une partie des neiges d'en face Mais oui, nous sommes devant le Mont Blanc. Je lui propose de le prendre en photo puis il me répond en anglais que "dat focking camra don'work, too damp probly". Ba oui, il a pas mal plu et ça commence tout juste à se calmer.
Quelques centaines de mètres plus tard alors qu'on arrive sur la piste de ski qui rejoint La Flégère, je prends une photos de la cohorte et le même gars me propose à son tour le service. Je pose et on discute 2 minutes en repartant. Il est canadien de Vancouver, il habite Montréal est venu spécialement pour faire le Marathon du Mont-Blanc (ouah me dis-je, lui il est motivé pour venir jusqu'ici pour ça).
La Flégère et la descente vers l'arrivée
A La Flégère, il ne reste plus qu'à descendre. Je l'attendais depuis un moment. Je bois un verre de coca et je me lance dans le pente, une large piste de ski sur peut-être 500m avant d'entrer dans le sentier en forêt. Je prends un vrai plaisir sur cette partie, les lacets qui s'enchainent, virages serrés et terrain en single technique où on doit surveiller ses pieds. Nous sommes 3 et pendant une vingtaine de minutes, on remonte des concurrents qui semblent moins à l'aise.
On débouche enfin sur la piste large juste avant d'arriver à Chamonix. il doit rester 2km à cet endroit et chacun se donne comme il peut. Je termine plutôt bien et j'entre dans Chamonix à une bonne allure sur un faux plat descendant ~4'30" au kilo, excité par le bruit du speaker que j'entends au loin et les spectateurs sur le trottoir. Cette foule! C'est totalement grisant. Les enfants tapent dans les mains, les gens m'encouragent par mon prénom, les bravos pleuvent, c'est juste unique.
L'arrivée...
Je suis dans la rue principale, un gars me double à fond les ballons. Je me retourne pour voir s'ils sont plusieurs et je vois un petit groupe à une vingtaine de mètres qui semble se tirer la bourre. J'essaie d'accélérer pour la forme, envie d'arriver "seul" au virage pour les derniers mètres et l'arrivée.
Je vois enfin la ligne et je donne tout ce que j'ai pour bien finir. Je lève les bras. C'est devenu une habitude désormais, sans vraiment m'en rendre compte, je lève les bras.
Je m'arrête sur le banc derrière la ligne pour savourer. Un gars s'assoie à coté de moi et me tape l'épaule pour me féliciter, je ne sais pas qui sait. Sans doute un camarade de la descente.
Point de passage | Vitesse | Class | Temps de course |
---|---|---|---|
1033m Chamonix | 00:00:00 | ||
1255m Argentière | 9,31 km/h | 691 | 01:05:31 |
1277m Vallorcine | 9,29 km/h | 605 | 01:51:26 |
1998m Col des Posettes | 4,91 km/h | 587 | 02:47:51 |
1476m Le Tour | 12,02 km/h | 514 | 03:07:55 |
1389m Tré le Champ | 10,59 km/h | 536 | 03:24:07 |
1861m la Flégère | 4,16 km/h | 577 | 04:53:20 |
1034m Chamonix | 9,81 km/h | 549 | 05:31:40 |
Bilan
Je craignais un peu la reprise, mais je me suis très vite senti bien sur le parcours. Au 21ème en haut des Posettes, j'ai même décidé d'accéler nettement, et tout c'est bien passé physiquement alors que je me posais des questions pour ma périoste. Pas de douleurs à l'arrivée, ni le soir, ni le lendemain sauf les habituelles tensions musculaires d'après course.
J'ai bien une petite fatigue au niveau des tendons et cartilages entre le coup de pied et la maléole, mais sans doute un effet de compensation pendant ma course.
Surprise de ma Garmin Fenix : Une fois la trace enregistrée, la montre indique 13km. J'hallucine, j'avais pourtant bien souvenir qu'elle affichait 30km lors de mon coup de barre, où que le chrono en était à ~5h un moment dans la descente sur Cham... Incompréhensible, je ne compte plus les bugs de ce produit. En chargeant dans Garmin Connect, j'ai bien 43 laps d'1 km, mais la trace ne semble avoir été enregistrée que sur les derniers 13km. Ce produit est un mystère, et je suis gentil en disant ça.
Voilà donc, vraiment content de cette course après une grosse période d'inactivité au printemps. Prochaine course au Québec (Le Québec Mega Trail) en juillet, puis l'Interlac le 20 juillet et la Frison Roche le 3 août, toutes trois jouant le rôle de préparation CCC.