De la neige, quelques lonnnnngueurs, mais un MEGA kif
La saintéLyon, cette course mythique. 15 jours plus tôt je ne savais pas que j'allais m'y engager, jusqu'à ce que je participe à une soirée dédiée à l'événement et organisée conjointement par l'organisateur et la runnosphère (la Pasta Running Party) que je ne connaissais pas jusqu'à présent. Je discute avec Anne qui s'occupe de la communication et des relations presse de la course, et que je connais bien depuis plusieurs années : "Vincent tu veux la faire?". Et voilà.
📷 La SaintéLyon 2013 | De la neige, quelques lonnnnngueurs, mais un MEGA kif
L'élément le plus remarquable à la SaintéLyon, c'est l'ambiance. Le départ à lieu à Saint Etienne, et les presque 6000 coureurs sont entassés 2h avant le départ (qui a lieu à minuit) dans une salle omnisport doucement chauffée pour l'occasion. En temps normal on pourrait le voir comme une contrainte, mais en réalité cette mise en condition est excellente. L'ambiance, tous ces coureurs déguisés et prêts à affronter la nuit glacée. Certains tentent de grapiller un peu de sommeil, d'autres mangent, les autres discutent, le reste vérifie une dernière fois son équipement.
Bibi entrain de se préparer à la nok et chaussettes longues, dans la salle de presse à Lyon avant le départ. © Vincent Bellais
Puis l'heure arrive. Le gymnase se vide en direction de la ligne de départ. Avec Elyane, nous tentons de nous rapprocher de l'avant de la meute ambitieux que nous sommes de nous placer au moins dans le premier tiers dès le départ.
Le départ. Cette année, c'est 75km. © Gilles Reboisson
Comme à chaque fois les premiers kilomètres sont comme toujours un peu rapides, 5'20" au kilo. La route qui nous fait sortir de la ville sert à étirer le gros peloton avant d'arriver sur les sentiers. Voici les premiers faux plats et progressivement on commence à marcher puis vers le 10ème km, la neige fait son apparition. Dans la principale grosse montée qui mène sur la première crête, nous progressons en file indienne dans un sentier transformé en labour de neige où le rythme est bien lent. Je décide comme quelques-uns de me décaler sur le coté pour doubler mais je comprends que ce n'est pas mieux. La neige durcit supporte mon poids sur quelques mètres puis lâche. Je m'enfonce jusqu'à la cuisse, peine à sortir, et penaud je reprends la queue.
Ensuite, la première descente
première descente, à peu près au 10ème km.
Les forums et facebook nous l'avaient dit, cette année il y aurait de la neige et de la glace. J'avais bien amené mes YakTrax à Lyon, mais écoutant certains spécialistes je décidais de les y laisser.
Lorsque la première descente arrive je ne sais plus où, un coureur sur deux chausse ses chaines. Les voyant peiner à les mettre, puis à les retirer 200m plus loin et les re-fixer sur le sac, je me dis que le choix des glissades n'est pas forcément mauvais en terme chronométrique. Autant descendre sans et prudemment, au final on gagne du temps.
En gros le sentier ça ressemblait à ça. © Gilles Reboisson
Je progresse ainsi jusqu'au premier ravito, miraculeusement sans tomber alors que les glissades s'enchainent et que les chutes sont nombreuses.
Technique comme une autre pour ne pas tomber : s'arranger pour ne pas trop perdre de vue le coureur qui précède, mais surtout sans le coller. Si une zone glissante apparait, son comportement vous alertera. S'il tombe, transformez-vous en funambule. A défaut de garder le contact avec celui qui précède, si vous progressez seul en tête de file vous avez toutes les chances d'embrasser la piste. Enfin, il y a de toute manière plein de raisons autres de tomber : essayer d'éviter un autre coureur au dernier moment, ralentir brusquement dans un virage parce qu'un autre est carrément arrêté, ou simplement se faire percuter par derrière...
Variante : A fond les ballons parce que de toute manière freiner c'est tomber.
St Christo en Jarez, 15ème km, 1512ème
St Christo en Jarez. Je recommande de ne pas s'y arrêter.
St Christo en Jarez, Je zappe le premier ravito en passant tout droit, j'ai mon gel maison et j'ai assez d'eau pour faire 30 km d'une traite surtout par ce temps. Je constaste que je ne suis pas le seul et c'est amusant de voir que certains tracent tout droits, les autres s'arrêtant au stand. En fait j'ai oubié à ce moment qu'il y a les relayeurs qui doivent y passer.
Vers le km 20 superbe vue sur les paysages alentours. Je suis incapable de reconnaitre les lieux, c'est la première fois que je viens ici, mais c'est surtout l'enfilade des frontales qu'il faut voir, derrière moi au premier plan, un peu plus bas en montant, et sur le versant d'en face celles qui descendent. Je regrette d'ailleurs de ne pas avoir mon boitier car il y a de quoi faire de très belles photos. Un jour peut-être reviendrai-je pour faire une série à cet endroit ou ailleurs le long du parcours. Je reste d'ailleurs sur ma faim en regardant les photos de la course publiées par l'organisation (et que je publie ici à défaut).
Je me sens plutôt bien dans les montées et je double des gars. Dans les descentes, je suis assez confiant, je ne suis toujours pas tombé alors que ça glisse toujours de partout autour de moi. J'arrive au niveau d'un mec qui marche en descente, je lui demande si ça va
"je suis déjà tombé 3 fois, et j'ai du me faire une entorse au poignet"
C'est l'ambiance, jusqu'à Sainte Catherine je dois en doubler une petite dizaine qui rendrons sans doute leur dossard au prochain arrêt...
Le train des coureurs de la SaintéLyon. © Gilles Reboisson
Sainte Catherine, 30ème km, 1055ème
Sainte Catherine
Dans la descente quelques centaines de mètres avant d'arriver au ravito de Sainte Catherine j'entends "le 1000ème coureur vient de passer". C'est la première information que je dispose sur ma position. Je n'avais pas vraiment d'objectif, vraiment loin de là, mais d'entendre le speaker ainsi je me fixe mon premier challenge d'une nuit qui est encore longue : passer et rester dans le top1000.
A Sainte Catherine le ravito est dans une grande halle. Je n'ai pas fait attention mais j'ai l'impression que c'est du temporaire pour l'événement. Je prends le temps de boire chaud et de manger correctement je ne sais plus quoi, puis je quitte le ravito sans trop tarder.
Après Sainte Catherine ça se calme niveau neige. C'est fondu. Je sens d'ailleurs tout de suite que le rythme change dans les descentes où les différences de style sont moins nettes. Encore une fois je réalise après coup que certains qui nous doublent rapidement sont les relayeurs, ces coureurs tout frais qui n'ont que 15 ou 30km à courir. C'était moins net à Saint Christo. Ca veut aussi dire que je commence à être fatigué...
Et c'est la chute!
Je continue gaiement ma chevauchée, et alors que j'étais content de ne pas être tombé sur la glace du début de course, je me fais surprendre par une dernière plaque camouflée sous un peu de boue. Je chute lourdement sur le bras et le genou tape. Je tombe dans l'eau glacée et je la sens tout de suite pénétrer tout le long du bras. Je ne me fait pas mal, mais je suis quand bien refroidit au deux sens du terme.
Ainsi commence une phase de moins bien...
Avec le froid, mon alimentation en gel maison, ou le choc de la chute je ne sais pas bien : Diarhée.
La fameuse côte du Bois d'Arfeuil. En ce qui me concerne, j'en n'ai pas bien profité, mes intestins me déconcentraient.
Évidemment dans ces cas là, en pleine course à tenter de gagner quelques places, on repousse toujours le moment de s'arrêter... jusqu'au moment où on n'a plus le choix, il faut s'arrêter. Evidemment pour simplifier l'exercice je suis déjà engagé dans la montée du Bois d'Arfeuille, et dans le Bois d'Arfueille le sentier est creusé dans un vieux chemin où il est diffile de s'arrêter sans être sous les yeux des autres coureurs. A mi pente, je trouve quand même un échappatoire.
La technique de l'arrêt toilettes de nuit : s'éloigner du groupe en s'enfonçant dans un coin sombre, éteindre la frontale pour disparaitre. L'instant est surréaliste, accroupi dans le froid à regarder les frontales passer.
Je repars alors soulagé et presque en pleine forme, et je remonte quelques coureurs parmi les nombreux qui m'ont dépassé lors de l'arrêt.
Saint Genoux, 39ème km, 1015ème
Saint Genoux. Seulement 9km après Sainte-Catherine, on peut le zapper.
Passage éclair au ravito de Saint Genoux. Je ne prend pas d'eau, juste quelques victuailles. Je repars sans perdre de temps, mais mes intestins ont la sympathique idée de me rappeler qu'il sont toujours là. J'anticipe alors un second arrêt un peu plus loin après une des côtes qui suit. J'applique la technique de l'extintion des feux puis je descends de 20 mètres dans un champs en contre bas. Superbe vue sur la ligne de crète et les frontales alignées.
La vue qu'on a lorsqu'on se met un peu à l'écart dans un champ pour une envie pressante. © Gilles Reboisson
Ces deux arrêts m'auront faire perdre au moins 5-10 minutes, mais je repars assez vite finalement et je double pas mal de monde dans les descentes qui mènent à Soucieu. En regardant le classement après coup, j'aurai quand même gagné 150 places entre Saint Genoux et Soucieu malgré ce second arrêt aux toilettes.
Soucieu en Jarrest, 53ème km, 853ème
Soucieu en Jarrest
Je galère à remplir ma poche à eau, peut-être un le froid, les mains engourdies ou la précipitation. Je mets de l'eau à coté, dans le sac ,j'arrive pas à refermer. Je voulais faire un arrêt éclair et çà m'énnerve. Je me dis que c'est la dernière fois que je prends une poche à eau et je jalouse les quelques-uns qui portent une paire de bidons au niveau des bretelles.
Je repars finalement, et entame la partie la plus difficile pour moi. Comme pour la majorité des coureurs indeed, car maintenant il reste une vingtaine de kilomètre sur un terrain plutôt bitumeux et plutôt plat. Traduction : il faut courir.
J'entre ainsi dans le mode bien connu des longues distances. C'est dur.
Longue ligne droite = courir;
Petite côte : soulagement car on peut marcher. Mais il faut relancer juste après;
Je cours plutôt bien par moment, mais je me fais doubler tout aussi bien. Putains de relayeurs qui faussent les sens;
Qu'est-ce que je fous là, c'est n'importe quoi;
J'ai l'impression d'être à bloc, ba non. A ma montre, 10km/h en descente...;
Panneau des 15km avant l'arrivée;
Une éternité, puis panneau des 10km avant l'arrivée;
Je continue à courir.
Peu avant Lyon, le soleil se lève... © Gilles Reboisson
Je suis quand même gratifié d'un très beau lever de soleil et des reflets des rayons sur la brume de la vallée. Ca permet de penser à autre chose et relativiser, mais c'est toujours quand même bien dur. Pas de grosses pentes sauf dans un petit bois après un parc et un lac gelé (lequel?), mais pour le reste c'est jamais assez pentu pour marcher. Du coup: COURIR.Pour me motiver, j'accroche quelques gars qui me doublent ce qui me permet de relancer lorsque celui de devant relance.
Là c'est le mental. Et je me fais doubler.
Beaunant, 65ème km, 774ème
Beaunant. Encore une fois, celui on peut le zapper si on a faitle plein à Soucieu
Beaunant, dernier ravito. Il reste une dizaine de kilomètres, j'ai largement assez d'eau et il me reste du carburant maison dans la poche droite de ma bretelle. Alors je décide de ne pas m'arrêter. A vrai dire, je n'en ai pas envie. J'ai surtout envie d'en finir et peut-être aussi de reprendre quelques places. Encore une fois ce sentiment étrange en fin de course où on compte chaque coureur doublé, alors que sur la première moitié du parcours on s'en fout un peu.
Dès la sortie du ravito, montée raide mais ça va. Etrangement.
En fait, je double en descente, un peu aussi en montée, mais j'ai du mal sur le plat (dans le groupe dans lequel je suis) au point que je me demande vraiment si je sais courir...
Sinon on m'avait aussi parlé des marches pour redescendre vers la confluence saone/rhone, et bien j'ai aucun problème dans les marches. je double même un piéton qui descend l'escalier et qui ne traine pas. Le genre de choses qui fait toujours plaisir après 70km.
Les derniers 3 km qui traversent la confluence, puis jusqu'à Gerland, sont terriblement longs. C'est juste une question de mental, pas de questions à se poser, courir un point c'est tout. C'est toujours étange ça d'ailleurs. 3 petits kilomètre quoi... c'est rien, à peine le temps de s'échauffer en début de footing.
A l'arrivée, ils ont installé des banderoles sur les quelques cents derniers mètres.
Arrivée dans 200m, 150m, 100m, 50m
Puis entrée dans le palais de sports. C'est fini! Je passe l'arrivée, et sans doute plus que lors des précédentes courses je suis très heureux que ça se termine.
A ce moment une fois la ligne passée, je conclue que cette course est trop roulante pour moi. Je n'ai pas eu de plaisir sur les 20 derniers km, et je remettais même en question mes capacités sur ce genre d'épreuve. Classique. Avec le recul, je crois que j'ai simplement un peu trop tiré, ou peut-être payé mes problèmes d'estomac sur la fin. Aujourd'hui, je n'ai que des bons souvenirs, et j'ai envie de revivre l'expérience. Encore une fois, une bonne petite drogue.
Pour finir, quelques photos récupérées sur le site de l'organisation. Quelques photos dans le dernier kilomètre.
Passage | Temps | Classement |
---|---|---|
St Christo en Jarez | 01:43:55 | 1512 |
Ste Catherine | 03:22:28 | 1055 |
St Genoux | 05:01:18 | 1015 |
Soucieu en Jarrest | 06:36:41 | 853 |
Beaunant | 08:18:52 | 774 |
Arrivée | 09:12:13 | 768 |
Quelques autres comptes-rendus de la SaintéLyon 2013 :
- Benoit Cory, Vainqueur 2013: SAINTELYON 2013 : UN TRUC DE FOU !!!!
- Jahom: Saintélyon 2013, jusqu’au bout de la nuit
- greg-runner.com : Récit de course, ma saintélyon 2013
- mangeurdecailloux.com : Saintélyon 2013, résultat à chaud
- Jaj360 : Saintélyon 2013 : quelle nuit blanche
- Jean-Pierre RunRun : Saintélyon ou comment basculer du côté obscur
- Lolotrail : Saintélyon "the night race"
- Noostromo : Saintélyon 2013 – Récit