Une course dans le rhume
Je venais à peine de terminer le BlueTrail à Tenerife que je partais en direction des Portes du Soleil pour deux jours de découverte de la nouvelle station de Trail lancée en partenariat avec Compressport. Courir derrière Sébastien Chaigneau et David Hauss n'est pas forcément une bonne idée à quelques jours de participer au North Face Lavaredo Ultra Trail.
📷 Lavaredo 2017! | Une course dans le rhume
Je découvre aussi la région des Dolomites en arrivant à Cortina d'Ampezzo. Après 1-2h de route depuis l'aéroport de Venise, cette petite ville des Alpes qui accueillait les Jeux Olympiques d'hiver en 1956 peut facilement se comparer à Chamonix. La population assez aisée, une rue principale dotée de boutiques "presque" de luxe, une station appréciée par les bourgeois dès le 19ème siècle, et aujourd'hui le sommet du trail italien avec l'organisation du Lavaredo. Remplacez Cortina par Chamonix, italien par français, Lavaredo par UTMB.
Le Profil et la trace GPS du Lavaredo
Voici le parcours et le profil du Lavaredo.
Le jeudi la veille de la course je retrouve Patrick, un camarade de trail avec qui j'ai couru une partie de la TransGranCanaria en février. Nous décidons de profiter de la voiture et d'aller découvrir les alentours et en particulier le Passo de Giau. Le parcours du Lavaredo y passe vers le 100ème kilomètre. La montagne y est très belle et laisse présager de superbes panoramas sur l'ensemble de la course. Je suis évidemment impatient de découvrir les Tre Cime de Lavaredo, trois aiguilles qui pointent à 3000m d'altitude et qui symbolisent ce Lavaredo.
Faire un saut au Passo Giau, point de passage vers le 100ème km avant de redescendre vers Cortina.
Montagne des Dolomites.
► La course
Le départ a lieu à 23h le vendredi. Sur les différentes options quant à l'heure du départ d'un Ultra, minuit est celle que je préfère. La nuit est courte, on peut se reposer et dormir l'après midi, le corps est bien réveillé pour le départ. Je déteste en revanche les courses qui partent en fin de nuit (4h - 5h). Ici c'est parfait.
Je me lance sur cette nouvelle aventure un peu fatigué des jours précédents. Je ne pense pas avoir été trop malmené par le BlueTrail, c'est plus un état général. Je suis surtout inquiet de ce petit rhume/état grippal qui m'a pris 2-3j avant la course. Je pars donc pour 120km, pas au mieux de ma forme.
La rubalise du Lavaredo.
Le Lavaredo est une course plutôt roulante (120km et 5800m d+) comme en témoigne les chronos réalisés par les vainqueurs. La course se gagne cette année en 12h30 contre par exemple 15h pour la TDS une course de 119km. Je n'ai pas d'idée, je n'ai pas fait d'estimation quant à mon propre chrono. Etat grippal aidant je décide de partir sagement en restant avec Patrick pendant la première moitié du parcours, considérant que la course fera sa loi sur la seconde partie.
Je décide aussi de longuement filmer l'événement, frustré de ne pas avoir pu le faire pendant le BlueTrail (caméra oublié chez moi). C'est aussi ma façon de tempérer mes efforts, de rester motivé pendant l'épreuve et de profiter de tout ce que je vois. Comme à mon habitude désormais, je pars sans bâtons.
Il y a toujours une partie de nuit sur un Ultra, parfois deux, parfois trois. Sur le Lavaredo c'est en début de course et à ce moment le paysage est surtout intérieur. Difficile donc de décrire ce que nous ne pouvons voir et il faut attendre le ~ 40ème kilomètre pour que le soleil se lève. Quelques kilomètres avant le lac de Misurina, je commence à sortir de la zone d'inconfort dans laquelle je suis souvent en début de course comme s'il me fallait plusieurs heures pour m'échauffer. C'est tant mieux car nous ne sommes encore qu'au début de la course. J'ai aussi eu le plaisir de me faire une légère entorse dans la seconde descente de la course. Elle est assez peu handicapante mais c'est toujours stressant, il ne faut surtout pas aggraver les choses.
Dans la montée avant le refuge d'Auronzo. Le soleil s'est levé depuis quelques temps, c'est sublime.
Les Tre Cime!
Le profil du Lavaredo. Le dénivelé est plutôt bien réparti sur l'ensemble du parcours. On considère que la course commence réellement à Cimabanche qui est la base de vie où nous pouvons récupérer un sac de course.
Avec Patrick nous progressons en binôme jusqu'au Tre Cime, le point d'orgue de la course. Je repars quelques minutes avant lui du ravito du refuge d'Auronzo, et même si je prends mon temps pour de nombreuses photos il ne me rejoint qu'à Cimabanche la base de vie de mi-parcours. Je retrouve mon drop bag, me change complètement et alors que Patrick arrive tout juste je décide de partir devant. Mon rhume ne semble pas trop m'handicaper depuis le début, aussi je décide d'avancer.
Vue sur les Dolomites depuis les Tre Cime de Lavaredo, peut-être la plus belle vue du parcours.
Les crêtes des Dolomites.
Patrick me redouble ensuite au ravito de Raga da Stua sans qu'on s'en rende compte (je mangeais tranquillement une soupe assis dans un coin, il s'arrête à peine). Cela entraine une amusante passe d'arme lorsque Anne m'apprend dans la longue montée vers le Col dei Bos (voir la vidéo) qu'il est en réalité devant. Nous terminerons la course ensemble.
Le Col dei Bos, soulagement après la dernière grosse ascension du Lavaredo. Il reste 2 bosses et ~500d+.
En fin de course nous avons eu droit à un peu de pluie, l'orage naissant.
La fin du parcours est sensiblement moins difficile et se termine par une longue descente vers Cortina où avec Patrick nous nous prenons au jeu de vouloir terminer avant la nuit et sans mettre nos frontales. Chose faite en 22h28.
Les paysages des Dolomites sont particulièrement beaux et photogéniques tout le long du parcours. Je considère ce Lavaredo comme est des plus photogéniques Ultra Trails, mais aussi comme un bon choix pour celui ou celle qui désire se lancer sur son premier ultra. Le terrain n'est pas trop technique, le dénivelé modéré et la barrière horaire plutôt tolérante (30h).