La Diagonale des Forts !
Il y a des histoires qui se répètent, des expériences qu'on revit. J'étais déjà venu sur cette belle île de Madère, plantée dans l'océan au large du Maroc. Le volcan y est encore assez jeune sur l'échelle géologique, et ses pentes bien raides pour offrir un beau terrain de jeu au traileur que je suis, comme vous d'ailleurs si vous lisez ces lignes.
📷 Le MIUT 2022, le récit de course | La Diagonale des Forts !
Cela doit bien faire la 4ème fois que j'atterris à Funchal. Si vous n'aimez pas l'avion, je vous déconseille de regarder par le hublot, c'est parait-il un aéroport à l'approche délicate.La première fois que je visitais l'île, c'était comme randonneur. La dernière fois comme traileur. En 2015, j'avais déjà pris le départ de ce MIUT, qui était à l'époque assez méconnu. J'avais eu la bonne idée de me tordre la cheville le long d'une levada vers le 10ème kilomètre, dès le début de la course. Assez gravement d'ailleurs, pour ne plus pouvoir courir sans hypothéquer la saison qui débutait à peine.
Lire ma première expérience du MIUT.
Cette année donc, je décide de re-tenter l'expérience, mon corps ayant sûrement oublié cette mauvaise aventure de 2015. L'île de Madère n'a pas changé, même s'il s'agit d'un super volcan, les éruptions font désormais partie du passé. L'événement n'a pas changé, lui non plus, ou presque. On retrouve les 4 formats et de quoi satisfaire tout le monde : 16km, 42km, 85km et l'épreuve Reine le 115km. Une nouveauté cependant, le 60km qui termine lui aussi à Machico, le coeur autoproclamé du Trail à Madère.
Jim Walmsley dans la forêt, en début de course, chaussé en Hoka Tecton X (ou un proto car je ne reconnais pas la couleur de la semelle). Il a gagné cette année, avec un chrono incroyable sous les 13h, avec 24min d'avance sur l'excellent Thibaut Garrivier l'autre très fort coureur HOKA.
Je ne vais pas vous le cacher plus longtemps, une nouvelle fois je ne suis pas allé au bout de la course. Pour différentes raisons, dont une majeure je crois, j'ai été touché par le covid à peine plus de 15j avant le départ. Dans mon malheur, j'ai eu la chance que sa forme n'ait pas été très grave, mais assez longue pour que je la ressente encore un peu quelques jours avant le départ de ce MIUT. Autant dire que c'était peu probable que j'aille au bout de l'aventure, surtout qu'au mois d'avril je ne suis pas encore au top de ma forme, la saison ne commençant vraiment pour moi qu'en juin.
Très vite, dès la première montée je sentais que cela allait être difficile. Parti en fond de sas pour ne pas me laisser emporter sur un rythme trop rapide, j'avais déjà du mal à suivre l'allure de coureurs qui sont en temps normal plus lents que moi. Arrivé au premier ravitaillement, à Fanal, je n'avais que 20 minutes d'avance sur la barrière placée à 3h30.
La végétation de l'île est très variée, comme ici quelques kilomètres avant le ravito d'Estanquinhos. Un paysage qui pourrait se trouver en Écosse !
La descente sur le second ravito, celui de Chão da Ribeira, m'a donné la sensation que ça allait mieux, doublant facilement les coureurs, mais cela n'a pas donné le change très longtemps. Les 1200m de dénivelé positif qui suivaient ont eu raison de mes dernières forces : je n'avais juste pas le niveau pour cette course reconnue comme difficile.
Les sentiers de Madère sont techniques, au moins autant que ceux de la Réunion et sa diagonale des fous. Des sentiers très souvent humides, beaucoup de marches, parfois en pavés qui tapent, le reste du temps entrecoupés de rondins de bois trop glissants pour y poser le pied, et une pente conséquente liée au caractère volcanique de l'île.
Quelques coureurs du 85km sur la crête entre Pico Ruivo et Pico de Areiro.
Les coureurs, ceux qui ont aussi couru le Grand Raid, l'appellent la petite Réunion. Moi, je la baptise la Diagonale des Forts. Je n'avais certes pas la forme pour m'y atteler, mais j'ai quand même trouvé les barrières assez tendues. Je ne regrette pas non plus d'avoir arrêté, car je n'avais pas le niveau, et je n'en suis pas vraiment responsable. C'est aussi un mal pour un bien, car ma saison 2022 ne fait commencer, et si ce n'était pour une forme de revanche d'une édition 2015 que j'avais ratée, j'aurais du me contenter du 85, voire du 60.
J'ai également pu tester sur un terrain exigeant les dernières Hoka SpeedGoat 5, mes chaussures de prédilection en course : je confirme tout ce que je pense de cette chaussure, elle est excellente. Les coureurs élites de la marque, Jim Walmsley en locomotive ultra-rapide (il a gagné en moins de 13h, c'est hallucinant), ont couru en Hoka Tecton X, un modèle que j'ai aussi eu la chance d'utiliser. Je trouve ces Tecton plus adaptées aux terrains roulants, comme le Trail de Saint Jacques (que je vais courir à nouveau).
Ce MIUT, cette diagonale des forts, est une course technique et difficile. J'estime qu'elle peut apparaître dans la liste des grands Ultra-Trails que j'ai faite ici. Je ne sais pas si je reviendrai un jour à Madère, mais il me reste un goût d'inachevé. Dans tous les cas, ce ne sera pas sans être très préparé, c'est aussi faire honneur à l'événement de tout donner pour être prêt avant le départ.