Le test des Adidas Terrex Agravic Speed Ultra, pour la performance sur chemins !

Cela fait un paquet de temps que je me dis : "Mais pourquoi les marques ne prennent-elles pas un modèle route à plaque carbone auquel greffer des crampons ?" On sait qu'on ne parle pas du même sport, et que le marketing aime bien distinguer les gammes, mais quand même. C'est peut-être ce que s'est dit le chef de produit, sous la pression éventuelle de Tom Evans qui aurait participé à la conception de cette Adidas Terrex Agravic Speed Ultra. Peut-être aussi pour cette dimension presque R&D, ou pas, la paire est vendue 230€.

Descriptif des Terrex Agravic Speed Ultra

Les adidas Adizero Adios Pro 3 ci-dessus, et les Terrex Agravic Speed Ultra ci-dessous

Sur le papier, on a ce qui se rapproche le plus de ce concept de chaussure de route customisée pour le trail.

La tige est légère, et presque sans protection contre les pierres. Seul l'avant profite d'une petite coque, mais c'est beaucoup dire. Le tissu, ou le mesh, c'est comme on préfère, est lui aussi très fin. Pas autant que une Adios Pro 3, la référence route de la marque adidas, mais quand même. La languette est elle aussi très peu épaisse, avec des rappels en lycra sur les côtés. C'est peut-être la moins protectrice que ce que j'ai pu voir sur une chaussure de trail.

Pour autant, le poids qui en résulte est notable, je m'attendais à moins pour une chaussure quand même très typée élite : 265 grammes en 42, c'est presque beaucoup. Surtout que la semelle en Lightstrike Pro, une technologie plutôt légère, est la même que celle utilisée pour les adizero Adios Pro 3, et que la semelle extérieure n'est pas non plus très crantée.

Effet baquet sur l'arrière de la chaussure

Focus sur cette semelle intermédiaire. Elle est très moelleuse, comme il se doit, et elle remonte fortement sur les côtés pour former un baquet autour du talon. Cela offre un maintien assez marqué, sans doute pour compenser l'instabilité éventuelle, car la chaussure est assez étroite au sol. C'est sans doute le point délicat de cette chaussure.

On distingue aussi les "Energy Rods" qui dépassent sur les côtés (en orange dans la semelle blanche), la solution technique d'adidas à défaut de "plaque carbone". En effet, il faut savoir qu'il s'agit rarement de plaque carbone comme on l'imagine, ici ou sur d'autres marques. Là, des tiges s'occupent de la rigidité de la semelle, qui elle, gère l'amorti et la détente/rebond de la chaussure.

Un petit mot aussi sur les lacets. Ils sont crantés, on en voit de plus en plus souvent. Ils agrippent au oeillets, et le noeud se défait moins, c'est plutôt bien. Par contre, je les trouve trop longs, et il n'y a pas moyen de les ranger, ni pochette, ni passant sur le dessus.

Les crampons, un peu juste, 2.5mm au centre, 3.5 mm sur les côtés.

Sous la chaussure, qui dit chaussure de trail dit semelle crantée. Ici, c'est presque minimaliste avec des crampons espacés mais peu marqués. Sous la chaussure, "LUG 2.5 mm/3.5 mm" nous informe. C'est peu, et cela limite clairement l'utilisation aux sentiers très roulants et secs. En revanche, je suis content de retrouver du "Continental", une gomme assez efficace, du moins dans mes souvenirs, un partenaire assez historique d'adidas en trail.

Le test terrain des Terrex Agravic Speed Ultra

L'entrée de la chaussure est étroite, il faut bien défaire les lacets et ouvrir la languette. Cela aurait pu présager d'un fit assez marqué, mais ce n'est pas le cas. La chaussure n'est pas serrée, et au contraire, je la trouve parfaitement adaptée à mon pied. Pour info, je considère que j'ai un coup de pied un peu fort. C'est globalement très confortable, les orteils ont la place. À mi-hauteur, on a un bon maintien et le talon est bien calé. Enfin, c'est quand même une chaussure racée, n'imaginez pas quelque chose de "large". Dernier point sur la pointure, cette Terrex Agravic Speed Ultra taille grand. J'ai un 42, alors que je suis plutôt en 42.5 ou 42 2/3 d'habitude, et ça convient. Aussi, prenez une demi-pointure en moins que votre taille habituelle.

Niveau laçage, je confirme que les lacets sont trop longs. C'est pas terrible, surtout qu'il n'y a pas de pochette ou d'endroit où les ranger, ce qu'on trouve maintenant souvent sur une chaussure de trail. Personnellement, je les glisse à l'avant entre la languette et les lacets. Sinon, ils sont fins et ont cette structure "crantée" qui augmente la friction ; je n'ai pas constaté qu'ils pouvaient se défaire.

La sensation est d'abord étrange, comme vous pouvez le voir sur les photos, la chaussure est plutôt cambrée, à l'avant comme à l'arrière. Avant même de courir, mais aussi sur les sentiers, on a cette impression que le talon fuit de l'arrière. Je ne connais pas les valeurs de drop, mais de ce fait, on a vraiment l'impression qu'il n'existe pas, voire qu'il est inversé. Le phénomène de bascule est très marqué. De même en courant, surtout si on talonne, on a vraiment la sensation d'un moindre amorti, comme si la semelle était moins épaisse sur l'arrière, phénomène accentué par cet effet fuyant. Bon... C'est surtout perçu si vous talonnez, c'est quasi inexistant si vous avez une foulée naturellement médio-pied. Je ne l'ai ressenti qu'en faisant l'exercice "et si je talonnais un peu pour voir".

À l'inverse, la semelle à l'avant est très amortie et agréable. C'est d'ailleurs quelque chose que je recherche, des chaussures qui mettent autant l'accent sur un fort amorti à l'avant que sous le talon, ayant moi-même une foulée medio-pied. Ici, je suis servi, la chaussure est très agréable sur ce point. C'est d'ailleurs une de mes chaussures préférées du moment pour les routes en terre ou les pistes roulante. Je l'ai même utilisée sur la route pour la "faire" un peu en prévoyance des courses du printemps qui vont arrivée.

Évidemment, le stack important et l'étroitesse relative de la semelle, en particulier dans son contact au sol, en font une chaussure exigeante en terme de proprioception. En gros : la Terrex Agravic Speed Ultra n'est pas stable du tout, en particulier si vous avez tendance à talonner. Il faudra donc faire très attention si vous vous embarquez en terrain technique, en dévers, ou bien avoir la cheville bien solide et avoir une bonne lecture du terrain. On sait également que cela devient de plus en plus difficile avec la distance et la fatigue. Cela rend cette chaussure plutôt destinée aux terrains roulants que très caillouteux, et plutôt sur les courses "pas trop longues" que sur les Ultra.

Au niveau de la semelle extérieure, la gomme Continental est efficace, sur la pierre et la terre dure, mais je trouve quand même dommage que la marque (adidas, j'entends) n'ait pas prévu des crampons plus marqués. On est quand même sur une chaussure de trail, et même si je ne la recommande pas trop pour le technique, c'est par exemple une chaussure très adaptée à des terrains de forêt, à des courses comme l'écotrail, ou éventuellement une Saintélyon (sèche, ce qui est rare). Sur ces terrains, voire d'ailleurs en chemins mixte terre/bitume, la chaussure est même très agréable, très dynamique évidemment, au point où j'apprécie autant courir avec sur la route que si c'était une chaussure de la gamme running adidas.

Mon avis

Si vous avez un bon pied, avec une bonne cheville, et que le terrain est prévu sec, allez-y. Je vois d'un œil plutôt positif la création de ce genre de chaussure à l'ADN routier avec une semelle extérieure "suffisante" pour la terre. Évidemment, cela concerne peu de monde, mais je vais quand même la recommander pour des objectifs estivaux roulants, des courses où il faut peut marcher, ou des terrains peu techniques, et des distances pas trop longues. Ça peut aller d'un Écotrail sec à une CCC en passant par un Saint-Jacques by UTMB. Bémol, et plus que ça pour beaucoup, il faut débourser 230 € ce qui est sans doute rédhibitoire.