Des relances dans le bocage
Je suis originaire du Morbihan, où j'ai grandi. Régulièrement, en montant à la Capitale ou en rentrant en Bretagne par l'autoroute, je voyais au loin en passant la Mayenne ce que le panneau indiquait comme Laval. Jamais je n'aurais pensé à l'époque que je m'y serais arrêté, pour y courir, un peu en amont sur la rivière, une course de 55km : le May'Etik. Voici mon récit de cette course locale, très appréciée, que je recommande fortement si vous aimez courir !
📷 Le May'Etik, un trail de 55km à découvrir - récit de course | Des relances dans le bocage
La montagne fait rêver tous les traileurs, les grands objectifs de l'année sont souvent teintés de dénivelé en juillet et en août, au son de musiques épiques au départ de Chamonix, d'ambiances plus rustiques dans les Pyrénées, et de façon générale sur des parcours où il est difficile de ne pas marcher. C'est vite oublier que le "Trail Running", qu'on traduit en français par "Course en chemin", se pratique le plus souvent dans les forêts et le long des champs de nos campagnes. Même si nous rêvons tous de grandes épopées sur les crêtes.
Paysage, coureur solitaire et bocage Mayennais
C'est le quotidien de beaucoup, la course à plat. Et notre sport, c'est bien de la course à pied avant de grimper les cols à la force des jarrets. Je le sais, j'ai longuement longé les quais de Seine lorsque je vivais à Paris, et c'est négliger ce fait qu'il faut en avoir dans les jambes plus que de savoir utiliser les bâtons. La rando certes, mais en courant.
Laval et son château historique surplombant la Mayenne
Laval, petite ville et préfecture de Mayenne, département méconnu. Lorsque j'ai dit à quelques amis savoyards que j'allais à Laval, ils m'ont avoué ne pas savoir précisément où la placer sur une carte. La France est grande, les Morbihannais ne situent sans doute pas bien Remiremont non plus, pourtant la ville départ de l'Infernal Trail des Vosges. D'autres auront fait le lien avec la ville de Laval au Québec, sans savoir si les deux villes sont liées autrement que par un toponyme évident : Laval est sur un promontoire qui domine la vallée de la Mayenne.
Petit aparté historique, la ville canadienne de Laval tient bien son nom en héritage de la ville de Mayenne, du nom d'un Français descendant du premier comte de Laval, un certain François de Laval qui s'installa au Québec à la fin du 17ème siècle.
On passe sur la Mayenne à Rochefort au 27ème kilomètre
La course, le May'etik Trail, est basé à quelques kilomètres en amont, dans le village de Saint-Jean-sur-Mayenne. Son nom est une contraction de Mayenne (comme par hasard) et de Éthique. Alors que certaines courses font valoir une volonté écologique qu'on ne retrouve pas toujours sur le terrain (Ecotrail et ses diverses courses européennes bonjour), ici cet volonté se retrouve assez dans quelques détails. Ainsi :
- Dossard réutilisé : les organisateurs du coin se prêtent les dossards non nominatifs, réduisant ainsi le coût non négligeable et métrologique de devoir en imprimer des nouveaux.
- Un balisage qui exclut la rubalise. L'organisateur utilise encore une fois des bandeaux facilement récupérables pour l'année suivante. Fred, l'organisateur, m'a même précisé que celui qui utiliserait ce mot "ru-balise" prendrait 1h de pénalité !
- Des partenaires locaux pour les ravitaillements, sans coca, mais avec du jus de pomme et des pâtes de fruits faites par un artisan du coin. Comble du TUC salé, on a même droit à des chips et des cookies au sarrasin, un régal.
- Encore mieux, car on passe souvent à la caisse lors des trails les plus connus, le coût de l'inscription est très abordable. À 30€ le ticket pour un 55 km, peu de courses font mieux.
L'événement propose 4 formats : 10, 17, 26 et 55 kilomètres, tous programmés pour que les arrivées se fassent en même temps dans l'après-midi. Super ambiance d'ailleurs sur place d'ailleurs.
Le départ est à 8h.
Je suis venu ici pour faire du long sur le plat. Habitant en Savoie, j'ai beau disposer d'un super terrain d'entraînement pour les montées et les descentes de col, il me manque les longues sections roulantes pour travailler la course pure en vue des objectifs de l'été. Avec 55 km et seulement 1000 m de dénivelé positif, un bon coureur peut s'en sortir sans marcher et le moins bon devrait souffrir comme il faut sur les longues sections roulantes, sur le chemin de halage le long de la Mayenne.
Les ravitaillements, comme je l'ai dit, sont achalandés de produits locaux d'excellente qualité, un vrai plaisir. Je tiens à nouveau à féliciter l'organisateur, qui montre ici qu'il est tout à fait possible de faire sans coca et autres chips qui apportent peu de plaisir. La course compte 3 principaux ravitaillements, le premier au 17ème kilomètre à Sacé, le 2ème à Rochefort au 27ème, et le troisième à Saint-Germain-le-Fouilloux au 39ème km. Il restera un 3ème point à environ 5 km avant l'arrivée. On fera quand même attention à avoir assez d'eau avec soi si la météo est annoncée ensoleillée.
Ravito de Sacé
Une bonne partie des sentiers sont débroussaillés pour l'occasion, ce qui indique l'engagement des acteurs locaux pour proposer le meilleur. Fred me raconte d'ailleurs que le Maire de Sacé a mouillé le tshirt en passant le tracteur et la faux un peu partout sur sa commune. C'est aussi une façon d'entretenir le local, il y a une véritable volonté d'investir sur ces sujets autour de Laval comme le montre la création d'une belle Station de Trail poussée par la communauté. Beaucoup de chemins creux, typiques des bocages où le remembrement n'a pas été trop intense. On longe les champs, étrangement peu cultivés pour autre chose que du fourrage et du foin. Beaucoup de chevaux, j'apprends ainsi que c'est une importante région hippique comme la Normandie voisine.
Ma course sur Strava :
Le parcours est très bien balisé, et globalement homogène, même si la seconde partie de la course est "un peu" plus vallonnée, en particulier vers le 44ème kilomètre dans la vallée de la Morinière, excessivement bucolique. Un coin de balade dominicale.
Je ne suis pas mécontent de ma performance, au regard de mon état de forme et de mon manque de pratique sur ce type de terrain. C'est mieux que ma précédente course, le Trail des 2 Amants, où je m'étais traîné avec peine sur les derniers kilomètres, pouvant à peine courir. Je recommande vraiment cette course à tous les coureurs du Grand-Ouest. L'ambiance est top, la volonté de l'organisation quant à la qualité du service et au respect du territoire est réelle. Encore bravo.
Pour en savoir un peu plus, je vous invite à consulter le site du May'Etik Trail, ou bien celui de la station de trail de Laval et en particulier le parcours 53 dont nous empruntons une bonne partie des chemins pendant la course. J'ai aussi produit une vidéo de l'intérieur de la course, comme toujours, c'est ici !
Il ne serait pas impossible que je revienne à Laval, un de ces jours, et surtout en octobre, pour participer au Laval Urban Trail que les coureurs du cru m'ont fortement conseillé : sillonner le centre ville pentu en passant à l'intérieur des bâtiments historiques. Une vraie fête locale !
Prochaine étape pour moi, la Comblorane, puis le 90 km du Mont-Blanc, le véritable 1er rendez-vous de la saison, pas trop ambitieux j'espère.