100km dans le désert péruvien
J'ai assez peu d'expérience du désert, du moins en tant que coureur. J'y ai marché plusieurs fois lors de treks variés en particulier au Maroc dans la région de Merzouga, mais aussi en Mauritanie et dans le Hoggar Algérien. J'ai aussi traversé le superbe Wadi-Rum en Jordanie, et je ne compte pas le grand désert froid du centre de l'Islande.
📷 Peru Desert Challenge | 100km dans le désert péruvien
Il y a trois ans je me rendais sur le Marathon des Sables à l'invitation de Terres d'Aventure pour suivre et photographier les coureurs de l'équipe. J'en avais tiré quelques photos qui reflètent assez bien l'ambiance et l'effort fourni par les coureurs de cette course mythique. Lorsque l'Office de Tourisme du Pérou me proposait fin juin de venir découvrir le Peru Desert Challenge j'étais à la fois surpris, ravis et curieux d'en savoir plus. Même avec Journal du Trek je n'avais jamais eu l'occasion de visiter ce pays, et l'image que j'en avais était celle des Andes, des terres Incas, du Machupichu et du Lac Titicaca. Les hautes montagnes enneigées de la Cordillera Blanca ou de la Huayhuache m'étaient même plus familières que l'existence d'un "désert" dans ce pays que je voyais surtout montagneux. Et pourtant...
Les grandes dunes d'Ica et l'ombre des coureurs.
Le long de la côte Pacifique s'étend un désert de quelques centaines de kilomètres de long, entre les villes de Ica, Nazca et Arequipa. L'endroit est TRES sec, sans doute un des plus secs au Monde comme peut l'être le désert du Namib et pour les mêmes raisons. Le courant froid qui remonte du sud le long des côtes et qui réduit le phénomène d'évaporation, le climat désertique, les plaines qui n'arrêtent pas les rares nuages qui passent.
La course part à 17h30, et très vite le soleil se couche. les coureurs sont élancés .
C'est ici non loin d'Ica dans l'oasis de Huacachina qu'a lieu le départ du 100km qui mène les coureurs en direction de l'océan vers la petite ville de Paracas. Le départ ayant lieu à 17h la grosse partie de la course se fait de nuit ce qui n'est pas une mauvaise idée quand on connait les températures locales. Même si en juillet dans l'hémisphère sud nous sommes en hiver.
Vidéo du départ du 100km
Ambiance au départ et dans les premières dunes de la course. J'avais vraiment envie de courir avec eux...
L'oasis de Huacachina près de la ville d'Ica, le point de départ des 100km du Peru Desert Challenge.
J'ai un moment hésité à participer à la course. Je venais tout juste de courir le Lavaredo Ultra Trail et même si j'en sortais en forme il était délicat de se ré-engager sur un Ultra. J'ai ainsi préféré me contenter du 25km qui me donnerait aussi un bel aperçu de l'ambiance et du terrain s'il me venait l'envie de revenir plus tard. Le 25km a lieu sur une petite péninsule non loin de la ville de Paracas, à l'endroit où les coureurs du 100km terminent leur épreuve. C'est une boucle qui compte assez peu de dénivelé (~400m) et qui longe la mer sur quelques kilomètres avant de revenir au départ. On est très vite dans l'ambiance - l'endroit est de toute manière désertique - et je me retrouve assez seul au bout de 5km. Avec 70 coureurs au départ je comprends aussi que le phénomène du running n'est clairement pas aussi développé ici que chez nous où la moindre course de campagne compte 300 partants surtout en Ile de France. Je cours à une allure confortable avec deux ou trois autres participants qui semblent eux en sur-régime. En discutant d'un espagnol sommaire je comprends qu'ils s'agit pour l'un de sa plus longue distance, pour l'autre de sa première course. Tout simplement. Je finis par les distancer puis je me fais rejoindre par un autre coureur qui remonte à bonne allure. J'apprends plus tard une fois la ligne passée qu'il a déjà participé aux 100km et à de nombreuses autres courses. Il semble d'ailleurs connaitre du Monde à l'arrivée.
Le coureur en contre-jour, conquérant et heureux.
Je l'avais aussi ressenti lors de ma participation à l'UltraFiord en Patagonie tout au sud du continent, il y a une dimension pionnière (joyeuse, libre et débridée) autour de l'ultrarunning ici. Les coureurs se connaissent à peu près tous, les courses ne sont pas si nombreuses et les bénévoles amateurs. Ainsi par exemple lors du suivi du 100km, lorque nous repartions vers notre voiture en sens inverse des coureurs un membre de l'oganisation commençait déjà à retirer les drapeaux de balisage alors que les quelques derniers participants n'étaient pas encore passés. Autre élément suprenant chez nous: le matériel obligatoire demandé par l'organisation pour participer aux 100km est très conséquent, ce qui est positif... jusqu'à ce que je remarque en le lisant qu'il était demandé d'avoir du paracétamol et de l'ibuprofène avec soit. On sait que l'ibuprofène est fortement déconseillé lors de la pratique de l'ultrafond. Je suis un peu critique mais j'y vois surtout la manifestation d'une réelle volonté de bien faire plus que de la négligence.
Sur le 25 km, je me retourne sur le désert alentour. La bande cotière au sud de Lima n'a pas de complexe devant les autres grands déserts du Monde.
Je repars très heureux de cette expérience d'un autre genre. Blasés nous le sommes sans doute lorsque nous courons beaucoup de courses, aussi j'ai beaucoup aimé la fraicheur de l'événement ici. Je suis d'ailleurs curieux de lire les retours des coureurs qui participeront au Marathon des Sables Pérou qui aura lieu dans quelques semaines dans la même région.
La fin de la course se déroule sur le bord de l'océan. Ici les flamands roses sont légion. Dans cette région très aride de nombreuses momies ont été découvertes, et la zone autour de l'arrivée fait partie d'un parc national. Il parait que les coureurs courent sur les vestiges cachés, et qu'il ne faut pas trop trainer la nuit au risque de réveiller les momies.
Je dois aussi ajouter que j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir la cuisine péruvienne et les fameux Ceviche (marinade citronnée de poissons ou fruits de mer) qui commencent à sortir des frontières du pays. J'avais eu l'occasion d'en manger à quelques reprises dans un ou deux bars bobos du quartier Montorgueil à Paris. Ici le poisson vient du Pacifique et il est arrosé de Pisco et cela fait une sacrée différence.