Jouer à saute volcan
Voilà ça y est, j'y suis, pour la 4ème fois, Tenerife. Cette île qui était synonyme de tourisme balnéaire est devenue por moi le lieux de quelques aventures au pied comme au sommet de son volcan le Teide. Retour sur le BlueTrail, cette course de 97km trop méconnue.
📷 Tenerife BlueTrail 2017! | Jouer à saute volcan
J'étais venue pour l'édition 2015, c'était en octobre. Quelques heures seulement avant le départ alors que j'étais entrain de me préparer, de m'habiller pour la course, nous les coureurs recevions un SMS annonçant que la course était annulée pour cause de fortes intempéries au sommet. Je vous laisse imaginer la déconvenue et le ramdam provoqué, une majorité des participants ayant fait le déplacement sur cette île sensiblement éloignée de l'archipel canarien.
Ce n'était pas non plus la première fois à l'époque que je me rendais à Tenerife, je vous laisse découvrir ci-dessous mes billets sur journaldutrek.com
Me voici donc de nouveau sur l'île, dans la partie sud non loin de Los Cristianos d'où est donnée le départ de la course. Dans 2 semaines je participe au Lavaredo Ultratrail en Italie. C'est bien sûr peu conseillé d'enchainer deux UltraTrails de ce calibre à si peu d'intervalle, mais j'y suis. Le départ a lieu à 24h, et l'ambiance est excellente et festive. Ce coin de l'île est aussi un must balnéaire où les gens viennent faire la fête. Sur la ligne de départ un groupe, une fanfare de percussioniste lance en rythme le groupe de 500 coureurs qui part pour traverser l'île en passant par son sommet. 3500m d'altitude, puis une descente impressionnante de l'autre coté vers le nord jusqu'à la ligne d'arrivée.
Les hostilités reprennent!
► Tenerife Blue Trail
Exercice: comparer le profil de deux courses pour bien se rendre compte de ce qui va se passer. Ici, en témoin celui de la 6000d qui est connue justement pour son profil montée-descente.
Le profil de la course est très particulier. Avec 5700m de dénivelé positif sur 97km, on est plus ou moins sur le gabarit d'une course typique de montagne (la CCC fait 101km et 6100m d+). La difficulté est ici que le plus gros du dénivelé se trouve au début de la course, et que la fin est surtout une descente. Il faudra donc gérer cela. Je pensais, faussement naivement, partir assez vite sur la première partie de la course sachant que je suis meilleur descendeur que grimpeur. Il ne me resterait alors plus qu'à dérouler dans la descente. Evidemment, le Dieu du Teide n'a pas voulu que les choses se déroulent comme je l'envisageais et j'ai été cueilli sans ménagement sur les pentes volcaniques et rugueuses du sommet. Autre éléments à prendre en compte, la zone la plus technique de la course se situe entre 3000m et 3500m d'altitude, ce n'est pas à négliger lorsqu'on vit à Paris.
Le début de la course sous le pleine lune.
La présence d'une femme Raramuri (vous savez, ces fameux coureurs mexicains héros du livre "Born to Run"), épaulée dans la représentation et devant la presse locale par son frère qui semble plutôt son agent en apparence, ajoute un certain exotisme sur la première partie. Robe blanche, sandales à talonnette, je l'accompagne un certain temps, jusqu'à l'aube puis je la verrai une dernière fois dans la montée finale vers le Teide où elle abandonnera sur blessure.
María Lorena Ramírez, Raramuri de son état, accompagnée de ses chevaliers traileurs.
L'organisation est excellente. La présence de la sécurité civile, personnel en uniforme local, apporte une certaine envergure à l'événement. Deux hélicoptères en rotation sur le volcan, des aiguilleurs à tous les embranchements, et même une femme postée en fin de course sur le promenade surplombant l'océan pour avertir d'un rocher dangereux, je félicite le directeur de course pour sa gestion. Un petit bémol cependant quant aux ravitaillements qui ne disposent pas d'un choix très varié de nourriture, les ultras sont souvent mieux achalandés.
Dans la montée entre les champs de lave, vers le 40ème km.
Dans la montée vers le Teide, à environ 3000m d'altitude. Il reste environ 500m d+. Au total les 55 premiers km accumulent 4500m de positif.
J'ai particulièrement souffert entre le km55 (le milieu de la montée entre la caldeira et le sommet) et le km70 (le ravitaillement Piedra de los Pastores dans le milieu de la descente). La fin de course fut meilleure, en particulier parceque nous entrions dans la zone d'altitude boisée, l'air de l'atlantique aidant, mais aussi sans doute parce j'étais plus à l'aise que mes camarade de course dans les singles descendants de la fin de course (doubler motive toujours).
Il ressort de cette nouvelle course, un Ultra touchant les 100km, qu'une constance existe chez moi. Lorsque je force "un peu" en début de course, je suis fortement cueilli par la fatigue au milieu mais je parviens malgré tout à bien finir. Mon analyse est que je profite probablement d'un rupteur naturel qui m'empêche de trop pousser, et qui me permet de bien terminer. Mon aversion pour l'effort (oui c'est étrange de dire cela au regard de ce que je fais), ou bien mes capacités cardios plutôt moyennes mais un respiratoire plutôt bon et une certaine rusticité musculaire, peut-être. J'ai par exemple assez peu de courbatures le lendemain d'un Ultra, il faudra que je creuse toute cela pour bien comprendre.
A l'aube, les couleurs se réveillent. On aperçoit à l'horizon à gauche l'île voisine de La Gomera.
Plutôt qu'un long récit, je vous laisse découvrir la désormais habituelle vidéo de course. Pardon pour la bien faible qualité de l'ensemble, j'ai eu la bonne idée d'oublier ma petite caméra Canon à la maison et l'ensemble de la course a été filmée au smartphone.
L'exercice n'est pas terminé, dans deux semaine je cours le Lavaredo...!