Récit et vidéo de course
l'UTMB ® c'est la Mecque du Trail. Chamonix, Mont Blanc, il n'y a pas un trailer même caché dans une campagne des antipodes qui ne connaisse pas la course. Véritable Graal de tout coureur de montagne, l'UTMB. Y participer n'est pas chose aisée puisqu'il faut disposer des points récoltés en étant finisher d'autres Ultras, justifiant ainsi d'une expérience suffisante pour attaquer les 170km et 10.000md+ de la course.
📷 UTMB 2016 | Récit et vidéo de course
Je ne vais pas beaucoup écrire cette fois-ci. Depuis quelques temps, je filme mes courses. Différentes des mots, voici quelques séquences prises sur le vif pendant la course, la vidéo de mon UTMB!
La génèse
La première fois que je suis venu à Chamonix pour une course c'était en 2010. A l'invitation de l'organisation j'étais venu pour faire quelques photos et suivre l'événement. Sur Journal du Trek j'avais publié quelques articles. J'y retournais en 2012 pour voir Olivier courir son premier UTMB, et je commençais alors à tater du sentier en mode course. A l'époque je ne pensais pas que je pourrais y participer un jour. Chemin faisant et avec beaucoup de travail mais aussi beaucoup de plaisir et sans contrainte j'ai progressivement habitué un corps déjà rodé aux longues marches à l'effort de la course à pieds et je terminais la CCC en 2014 puis la TDS en 2015.
Le premier col, Col de Voza avant de redescendre vers Saint-Gervais.
Une course à pieds de 170km, sur un terrain de montagne avec l'équivalent de 10 cols à franchir n'est pas chose aisée. Avec l'expérience positive de quelques courses récentes, d'un calibre moindre mais somme toute respectable, j'ai pensé que je pouvais m'aligner sur la course d'UltraTrail la plus réputée au Monde sans douter de ma réussite. Encore plus, les nombreux contacts d'un réseau social largement étoffé d'autres coureurs annonçaient déjà que je n'aurais pas de souci avec le tour, sachant que j'avais peut être déjà fait plus difficile: celui ci serait même roulant et accessible. Parait-il...
L'UTMB
Je ressents une certaine déception. Ce n'est pas courant de le dire, cette course est tellement attendue par tous les coureurs qu'elle est souvent racontée comme une incroyable expérience. C'est une incroyable expérience. J'ai juste oublié que les plans ne se déroulent pas toujours sans accroc. J'ai toujours eu l'habitude d'être finisher en gérant et en faisant une belle fin de course. Cette fois j'ai été trop confiant. Une bête histoire de semelle neuve oubliées dans mes chaussures de course déjà bien rodées, une progression à l'effort douloureux depuis Courmayeur sans pour autant puiser dans mes ressources musculaires, peu de plaisir à se faire doubler tout le temps dès Arnuva. J'ai le sentiment d'avoir raté ma course.
La nuit est passée, c'est l'aube sur le Lac Combal.
J'ai fait la course avec mon frère Olivier, c'était l'idée. Nous avions prévu de partir ensemble sur la première partie de course, puis que je le suive autant que possible même si son allure de base est plus rapide que la mienne. Nous nous sommes dit que si l'un de nous se sent vraiment bien à mi course il fera son chemin.
Je ne sais pas si c'était fait exprès, mais nous avons tous les deux eu des problèmes de pieds, ampoules principalement, de ceux plutôt douloureux en descente. Nous avions pourtant trouvé un bon rythme, Olivier me tirait en montée, je reprennais en descente, mais dès Courmayeur nous savions que la fin serait difficile.
Montée vers l'arrête du Mont Favre.
J'attendais aussi la seconde nuit. J'ai un incroyable souvenir de l'Ultra Mitic lorsque je passais presque toute la nuit seul avec mes idées fixes, un gros coup de mal, un coup de remieux puis une fin de course hallucinatoire avec des animaux improbables et la sensation peu rassurante de quelqu'un chuchottant derrière moi. Ici sur l'UTMB rien de tout cela, ou du moins une seconde nuit largement moins exotique avec cette fatigue implacable qui te fais te battre pour rester debout. Tituber sans rigoler.
Pause "point d'avancement" au refuge Bonatti.
J'ai quand même de superbes souvenirs. Le passage du col des Pyramides Calcaires et la descente vers le Lac Combal dans la brume éclairée par le soleil levant. L'arrête du Mont Favre et la vue sur le Mont Blanc. Le passage du Grand Col Ferret qui marque le début de la fin de la course. La montée de Bovine que j'ai trouvée si longue cette année (la CCC c'était easy) et la vue sur toute la vallée du Rhone éclairée... puis le ravito de Trient où j'ai le courage de nous filmer "pour la postérité". Encore une fois les moments les plus difficiles n'auront pas vu ma caméra.
La vue sur le Val Vény couvert de brume et le soleil en contre jour, samedi 7h37
Après Champex, nous avons eu assez peu de plaisir. Partir de la base de vie sous l'orage, zizaguer sans raison dans Trient pour avant d'entrer dans le ravito, lutter pour ne pas s'assoir dans la montée de Catogne, se faire doubler constamment.
En arrivant à Vallorcine, nous renaissons un peu avec le nouveau jour. Nous retrouvons aussi notre famille, retour au Monde. Mon neveu nous accompagne sur la dernière partie, l'esprit de compétition s'est totalement envolé et nous avons assez d'avance sur la barrière pour terminer lentement en nous baladant, et en profitant si on peut encore le dire. Cette fois j'arrive à Chamonix en pleine journée, à midi. La foule est incroyable et l'émotion présente, les amis nous accueillent, la présence de Sylvain Bazin me fait très plaisir, mais encore une fois je ne suis pas aussi réceptif que tout ce que j'ai pu lire sur ce moment. C'est sans doute moi, la foule peut-être... J'ai aussi beau blaguer dans la vidéo en disant que je ne recommande à personne de faire cette course, je suis très proche de signer pour ne plus la refaire lorsque je passe la ligne.
La vue sur le Val Ferret, en haut à droite le Mont-Blanc.
Debrief d'après course
Pendant deux ou trois jours, j'avais le blues. Il parait que c'est classique, mais je n'avais pas encore connu ça. En plus de la fatigue générale, une grosse baisse d'appétit mental assez désagréable. Comme en course où l'esprit perd le contrôle on a du mal à penser la situation, on déprime :). Je n'ai pas d'explications à cela. Heureusement cela ne dure pas longtemps, et en quelques jours seulement on revient sur tout ce qu'on a pu dire en course et la question d'y revenir ne tarde pas. Je sais déjà que j'y retournerai, sans doute pas l'année prochaine (d'autres belles courses à faire) mais l'insatisfaction ressentie après la course me donne envie de revenir pour un autre tour.
Je tiens surtout à remercier Anne Gery sans qui je n'aurais peut-être pas couru cette course, ou du moins pas si tôt. Je ne parle pas du dossard presse qui permet d'éviter le tirage au sort, il faut de toute manière les points, mais plutôt des échanges que nous avons eu il y a longtemps avec l'émotion qu'elle transmettait en racontant la course.
Quelques photos supplémentaires
Rien de ressemble plus à un ravito qu'un autre ravito. Les Chapieux.
Encore quelques frontales allumées en descendant du refuge Elisabetta.
En arrivant au ravito du Lac Combal.
Vers la sortie de Combal.
Il faut prendre le temps de regarder, même en course.
Dernier regard arrière avant d'attaquer la descente vers Courmayeur.
Dans la descente vers le col Checrouit
La dernière montée vers la Tête aux Vents.
La vidéo de l'UTMB :)
Aussi bien que les mots, quelques séquences prises sur le vif pendant la course, la vidéo de mon UTMB!
Temps de passage
Pssage | Position | Chrono |
---|---|---|
Saint Gervais | 794 | 02:46:39 |
Ref. Croix Bonhomme | 745 | 07:39:46 |
Col de la Seigne | 734 | 10:57:17 |
Arrete du Mont-Favre | 690 | 13:36:08 |
Courmayeur | 702 | 15:03:19 |
Refuge Bertone | 664 | 17:19:22 |
Arnuva | 679 | 20:03:34 |
Grand Col Ferret | 735 | 22:03:15 |
La Fouly | 718 | 23:43:31 |
Champex-Lac | 772 | 27:23:00 |
Trient | 747 | 32:48:03 |
Vallorcine | 813 | 37:04:59 |
La Tete aux vents | 878 | 40:26:58 |
La Flégère | 884 | 41:27:04 |
Chamonix | 962 | 43:22:54 |