Avec les meilleurs coureurs de la Planète
Les meilleurs coureurs de trail américains y viennent se casser les dents, Kilian Jornet, Xavier Thévenard, François d'Haene y ont conquis leur titre de meilleurs coureurs d'Ultra au Monde, on y vient des quatre coins du monde pour toucher le Graal. L'UTMB est certainement le plus grand événement de trail au Monde, à la manière d'un Tour de France qui surpasse les championnats du Monde de cyclisme sur route .
📷 L'UTMB, la plus grande course de trail au Monde | Avec les meilleurs coureurs de la Planète
J'ai eu la chance de courir les 4 courses de l'UTMB. Je les ai courues dans l'ordre, la CCC d'abord, puis la TDS et l'UTMB. Pour boucler la quadrature du cercle j'ai aussi couru l'OCC, puis j'ai remis les couverts pour un second UTMB l'année dernière en 2018.
Cette année, je n'ai pas de récit de course à partager, je n'y suis pas allé pour courir. A la place je vais vous conter quelques souvenirs vécus ou ressentis depuis ces quelques années que je passe la dernière semaine d'août autour de la montagne.
2012. Victoire de Tofol Castaner sur la CCC. Il franchit la ligne quelques minutes avant le départ de l'UTMB, devant ceux qui s'apprêtent à partir pour la grande boucle. Sans doute une des plus belles arrivées de l'histoire du Trail.
La grand messe de l'UTMB à Chamonix est un événement incontournable. On y retrouve des amis, les coureurs croisés sur les sentiers à d'autres occasions. En 2019 j'ai voulu y venir sans la pression de la course, en spectateur, en photographe aussi. J'ai applaudi les finishers de l'OCC, puis j'ai suivi les coureurs de l'UTMB à Saint Gervais, à Notre-Dame de la Gorge. Notre Dame de la Gorge c'est le véritable commencement de la course. On arrive des Contamines par un large sentier plat, un feu de joie nous accueille au pied de cette montée en dalle, droit dans la pente. Les spectateurs nous encouragent, c'est la fête, puis en quelques minutes nous somme seuls entre nous les pas rythmés par le bruit des bâtons. C'est ici que la montagne commence.
2012. Passage de François d'Haene à Notre Dame de la Gorge en 2012
Il faut alors franchir le long col du Bonhomme qui ne s'arrête pas là, il faut traverser un balcon pénible jusqu'à la Croix puis descendre aux Chapieux. Aux Chapieux on est au coeur de la nuit, c'est le premier ravitaillement vraiment attendu. La descente a été rapide, un peu trop déjà, et on se pose quelques instants sur un banc pour boire une soupe chaude. On était isolé depuis la Balme, on découvre le visage des autres coureurs mais on n'échange pas encore vraiment. Focus. il faudra attendre la seconde nuit pour cela.
Le ravito, un instant de repos dans la nuit
Il ne faut pas trop attendre au risque de se refroidir, et la route vers le Col de la Seigne est encore longue. Le col de la Seigne personne ne l'aime beaucoup, il débute par un long faux plat, puis une longue montée pas bien raide, mais longue. La nuit commence d'ailleurs à se faire longue. C'est plus tard que l'aube nous accueille au Lac Combal, le plus bel endroit de la course.
Selon les années il arrive qu'on passe par le col des pyramides calcaires, comme en 2016 et 2019. C'est le seul pierrier sur tout le parcours et il faut faire attention de ne pas glisser. J'ai le souvenir de quelques névés résiduels, nous sommes à près de 2600m d'altitude.
On aperçoit le Lac Combal d'assez loin, parfois comme quelques tentes lumineuses pour les plus rapides, souvent comme une petite vallée recouverte de brume éclairée par le contre jour de l'aube. L'endroit est sublime, surtout qu'il annonce un nouveau jour, la partie italienne du parcours et dans quelques heures la base vie de Courmayeur où certains retrouveront les leurs.
2019. L'arrivée au ravitaillement du Lac Combal avant le soleil, le plus bel endroit de la course, un nouveau jour commence sur la plus grande course de trail au Monde.
Ne pas oublier son matériel au ravito :)
2019. La sortie du Lac Combal en direction de l'arrête du Mont Favre. Après quelques minutes sans bouger au ravito le froid de cette vallée d'altitude et la brume humide toujours présente à cette heure nous rattrapent. Ne pas trop trainer.
L'arrête du Mont Favre en 2018, et la vue sur un Mont-Blanc qu'on ne connait pas nous les Français. Du coté italien il est plus sauvage, vertical. C'est aussi le signe pour les coureurs que Courmayeur n'est plus loin.
Quelque part entre Bertone et Bonatti en 2018
Une fois Courmayeur passé, il faut monter à Bertone. Ce n'est pas simple après la longue pause que chacun s'attribue pour manger, se changer. On se refroidit un peu, et la digestion du repas conséquent dans les 1000d+ qui suivent n'est pas aisée. Le long balcon entre Bertone et Bonatti est superbe mais il ne faut pas pour autant ralentir. La marche est tentante mais ici il faut relancer, courir. Certains disent que l'UTMB peut se terminer en marchant tout du long, c'est faux il faut courir sur le plat sans quoi la barrière vous rattrape.
2019. La montée du Grand Col Ferret, juste après le replat près du refuge Elena. La vue sur les glaciers et les Grandes Jorasses est superbe.
Le gros morceau qui suit c'est le Grand Col Ferret. Il fait peur sur le papier, son profil surtout. Je n'ai pourtant jamais trop souffert en le passant, moi qui ne suit pourtant pas un très bon grimpeur. Il faut le prendre tranquillement surtout qu'il est suivi d'une très longue descente vers la Fouly. Très peu technique et roulante, elle use et prend au piège les meilleurs coureurs: c'est là que Jim Walmsley explose, à la bagarre avec François d'Haene et Kilian Jornet lors de la grande édition 2017.
L'UTMB est une course de montagne, c'est évident. Pourtant elle compte aussi de longues sections roulantes qui ne sont pas simples à appréhender. La vallée jusqu'aux Houches est avalée par l'excitation, dans la remontée jusqu'aux Contamines on est encore frais. La route entre les Chapieux et la Ville des Glaciers est déjà moins amusante, mais c'est surtout les 15km descendants et plats et très longs entre la Peule, la Fouly et le pied de la montée vers Champex. Là pas le choix, le sentier n'est absolument pas technique: il faut courir. Et c'est difficile.
Le long faux plat fait de relances et descendant entre la Fouly et Praz de Fort. Courir peut devenir compliqué.
A Champex Lac, la majorité des coureurs entrent dans la seconde nuit. Certains tenteront une sieste de fortune, 15min pour récupérer un peu de lucidité avant d'attaquer la montée vers la Giète anciennement appelée Catogne. C'est ici qu'on découvre la difficulté d'un 100 miles. La deuxième nuit dehors est difficile, très difficile. Ce n'est pas tant le corps qui lâche mais la tête. On peut toujours imposer à ses jambes d'avancer, mais lorsque c'est la tête qui ne veut plus, rien d'autre ne peut lui dire de continuer.
Une solution est alors d'avancer avec quelqu'un et de partager sa motivation qui parfois revient. Car c'est cela l'Ultra Trail, on passe par toutes les émotions, du plus bas à deux doigts d'abandonner à la jubilation d'un roi du Monde. C'est la perte de lucidité qui fait cela, la subtilité des perceptions n'existe plus, on interprète une souche d'arbre penchée comme une girafe sans trouver cela très étrange, on veut tout quitter pour son canapé alors qu'on a rêvé de cette course pendant des années et qu'on s'est entrainé durement les 3 derniers mois. Lorsqu'on abandonne c'est qu'il n'y a pas d'alternative, c'est de la folie autrement.
La nuit, le tunnel de la frontale, l'isolement sensoriel, les pertes de repères temporels.
La deuxième nuit c'est aussi les idées fixes et les hallucinations. Ce qui semble évident en temps normal, un cailloux ou le bruit d'un torrent, se transforme en smiley ou en chuchotement. On se dit que quelqu'un s'est amusé à disposer des post-it avec des dessins dessus pour être sympa ou bien que des concurrents manigancent derrière et se cachent lorsqu'on se retourne.
Puis la nuit se termine. La Giète est passée, Trient et ses vicieux zigzags pour entrer et sortir du village sont derrière, l'étable des Tseppes et son odeur de bouse n'est plus qu'un souvenir. On arrive à Vallorcine. Il ne reste plus que cette dernière section qui se fait de jour, les sens un peu ravivés. La montée à Tête eu Vent est excessivement difficile, les marches hautes et la fin, un enfer de rochers mal rangés. Mais on sait qu'on va terminer.
L'arrivée à Tête au Vent, c'est bientôt la fin. Il ne reste plus qu'à rejoindre La Flégère et redescendre sur Chamonix.
2016 - Finisher UTMB avec mon frère
Le dernier kilomètre dans Chamonix est absolument unique. L'UTMB est une course majestueuse, mais c'est son arrivée qui la rend incomparable. L'ambiance y est si riche, les encouragements des spectateurs si forts à nous rendre champions. J'y étais encore cette année et cela n'a pas changé, de même que j'avais autant de plaisir à applaudir les finishers qu'à franchir l'arrivée une nouvelle fois.
L'UTMB, la plus grande course de trail au Monde. Je la referai sans aucun doute!
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